L’attachement au quartier, les racines de l’engagement
Pour la plupart des conseillers citoyens, leur participation au sein du conseil est la traduction d’un attachement à leur quartier et d’une volonté de l’améliorer. Le souvenir du quartier « avant » et le constat de son déclin actuel constituent bien souvent la source de leur motivation. La volonté de redonner une image positive au quartier et d’offrir un cadre de vie plus agréable aux jeunes et aux enfants, est aussi ce qui les décide à rester dans cette instance participative.
« Quand on a des enfants… On veut la bonne réputation du quartier, on s’engage pour nos enfants. Dès qu’ils sont tout petits, ils sont dans un espace qui ne donne aucune chance. Il y a des problèmes comme la drogue, la violence, il y a toute une colère et une démotivation qui touche les jeunes. »
« Le quartier…ce que j’ai vu il y a 50 ans en arrière et ce que je vois actuellement, c’est vraiment un désert… »
« Il est en train de mourir le petit commerce. D’ailleurs c’était commercial, la Saulaie. Il y avait de l’activité dans le temps, il y avait des commerces, il y avait des artisans, des coiffeurs, des usines, des ateliers… Puis l’école aussi, il y a des classes qui ont fermées. On veut une école dans le quartier ! «
« Décourengagement » ou le sentiment en demi-teinte des conseillers citoyens
Les conseillers citoyens reconnaissent le caractère innovant de cette nouvelle instance participative, de par son indépendance et son association à la gouvernance du contrat de ville. Le conseil citoyen a l’ambition de donner une voix aux habitants du quartier et de porter des actions en autonomie.
Toutefois, dans la réalité, cette potentialité est difficile à concrétiser. Les conseillers déplorent un manque d’intérêt des habitants du quartier pour le conseil citoyen. Ils l’expliquent par la confusion entre le conseil et la municipalité mais aussi par un manque de visibilité. Cette « invisibilité » du conseil sur le quartier serait, quant à elle, liée à l’absence d’actions concrètes et perceptibles. Cela est d’ailleurs une cause de découragement pour ses membres actuels qui se posent finalement la question de l’intérêt de leur engagement.
La reconnaissance du conseil citoyen par les pouvoirs publics est aussi un facteur de découragement. Un certain manque de considération de la part de la municipalité entraîne les conseillers à questionner le pouvoir qui leur a été donné.
« En plus, les gens ne connaissent pas trop le conseil, on n’est pas visibles. Et puis, c’est difficile et frustrant lorsque la mairie refuse nos projets ou souhaite qu’on les modifie. »
Malgré ce découragement, le sentiment de participer à quelque chose d’utile pour le quartier, et notamment l’envie de changer les choses pour les plus jeunes, reste vivace. Ils ont conscience des problèmes du quartier et souhaitent que les choses s’améliorent grâce aux actions menées par le conseil. Les membres interrogés avaient, pour la plupart, fait l’expérience d’engagement associatif par le passé et croient dans le pouvoir d’action de l’engagement collectif au sein d’une structure instituée.